Nous y voilà ! La deuxième anecdote ayant reçu le plus
de voix est La Yourte de l'Horreur. Ooooohh ! Voilà qu'on en arrive aux
choses sérieuses. Je pense en fait que cette anecdote est elle-même une
successions d'anecdotes qui ont créé cette atmosphère cauchemardesque au sein
de cette yourte.
Donc, comme je l'expliquais précédemment, notre tour en
Mongolie nous amenait de famille en famille, au gré de l'hospitalité locale.
Quand on voyage en mini-van, on a toujours la possibilité de choisir des
yourtes plus grandes pour nous accueillir ou changer de yourte si la famille a
déjà trop de travail, si un membre de la famille est malade, etc. Mais lors de
notre trek à cheval puis à pied, nous ne pouvions pas faire la fine bouche au
risque de dormir dehors dans la neige...
Donc, lors du troisième jour de trek, nous sommes parti à
pied à travers la région des 8 lacs, avec une légère chute de neige (me
laissant présager la tempête, moi qui avais l'expérience derrière moi...) Nous
marchâmes, nous marchâmes des heures lorsque la tempête de neige commença à
pointer son bout de nez. A notre grand soulagement, nous vîmes alors une petite
yourte au loin. Quelle chance !! La famille devait d'ailleurs quitter les
lieux le matin même pour leur lieu de printemps mais avait reporté son
déménagement en raison de cette tempête de neige. Nous étions sauvées car notre
guide n'était pas sûre que nous puissions alors trouver une autre famille...
Soulagées, nous entrons donc dans la petite yourte pour nous réchauffer près du
poêle sans vraiment prendre conscience de l'environnement glauque qui nous
entoure.
Je vais essayer d’organiser mon récit en différentes parties,
sinon je vais non seulement oublier des détails mais également me perdre dans
mes exclamations sans que vous ne puissiez réellement comprendre :
1.
La yourte
La yourte était minuscule et sombre. En entrant dans la
yourte, à moitié courbée de part ma grande taille, j'ai voulu laissé la dame
passer et je suis tombée dans une multitude de bouts de viande pendus au mur
pour les faire sécher. Poussant un petit cri de surprise, j'ai voulu mettre ma
main contre le mur pour me retenir et ne pas tomber plus bas, mais ma main
rencontra la carcasse d'un animal mort. En plus de la viande, des bouts de
fromage séché étaient attachés en ribambelle au plafonds. L'ensemble dégageait
une odeur particulière, rendant l'atmosphère chargé de menace. Mis à part le
poêle, dont le feux de crottes sèches dégageait une odeur supplémentaire, le
seul autre meuble était une petite étagère en bois, le genre de meuble qu'on
fabrique quand on est petit pour mettre dans sa cabane, sans même prendre la
peine de retirer l’écorce. Et pour finir le tableau, un couteau de chasse et
deux fusils étaient accrochés au dessus de nos têtes...
Mais qu'importe, nous ne cherchions pas le luxe et nous
étions contentes d'être au chaud, fusse dans une mini yourte malsaine. C'était
sans compter sur les occupants de cette yourte...
2.
La famille
La « famille » était, comme nous l'apprîmes alors
que nous buvions notre thé salé au lait, composée de 2 sœurs et de 2 frères.
« les enfants », je cite là notre guide, « sont à l'école au
village ». Les enfants... C'est là que Clémence me regarde et me dit
doucement : « putain, des frères et sœurs incestueux !!! »
Moi qui n'avais alors que de pures pensées, je fus soudain prise de doute...
cette phrase travailla en moi comme un ver dans une pomme et je ne pouvais
bientôt plus les regarder sans penser à leur relation incestueuse. Surtout que,
contrairement aux autres familles, ceux-là n'exprimaient aucun sentiment, ni
joie, ni mécontentement, juste cet impassible visage qui vous regardait...
Vraiment comme dans un film d'horreur !!!
D'ailleurs, la plus âgée des sœurs me regardait fixement
depuis plusieurs minutes. Du coup, pour détendre l'atmosphère et créer une
relation complice avec elle, je lui fait un grand sourire, m'attendant à ce
qu'elle me sourit en retours ou qu'elle tourne la tête si elle ne voulait pas
de mon amitié. Mais ni l'un ni l'autre ! Elle continua à me regarder
fixement, sans aucun changement dans son visage de pierre, et ce pendant encore
plusieurs minutes !! Moi je savais plus que faire, alors j'ai détourné
furtivement le regard, essayant de m'occuper à qqc. Mais je continuais à jeter
des coups d’œil vers elle pour me rassurer, mais ça marchait pas car elle
continuait à me regarder fixement de son visage impassible...
Il y eu maintes autres petits détails de ce genre, par
exemple cette même sœur qui nous dit que le chien n'est pas méchant mais chaque
fois qu'on sort faire pipi elle sort avec nous pour tenir le chien... ?
Même notre guide avait l'air mal à l'aise ! Et nous qui prenions des fou-rires
nerveux !! On essayait de se retenir, de peur de les vexer et qu'alors
apparaisse un rictus nerveux sur leurs visages, qu'elles s'emparent du couteau
de chasse et nous découpent en petit morceaux de viande à faire sécher...
Cependant, il était temps de dormir...
3.
La nuit
Dormir, quel verbe inadéquat, car de la nuit je n'ai pas
fermé l’œil ! Nous dormions à 9 dans cette minuscule yourte, autant dire
que nous étions littéralement les uns sur les autres, moi entre Patou,
l'accompagnateur à cheval, et Clémence. Tous d'abord, il y avait ce sentiment
de claustrophobie malsaine, puis le fait qu'on ne pouvait bouger sans provoquer
une réaction en chaîne qui réveillerait tout le monde, puis les odeurs, et
encore ces chevreaux, dont j'ai oublié de parler, qui étaient trop faibles pour
rester dans la neige et qui n'ont cessé de lâcher de grosses perlouses durant
toute la nuit !! Bien sûr, ça me provoquait des rires nerveux, du coup je
tremblais, et : réaction en chaîne. On était tellement serrés, avec les 2
sœurs malsaines qui nous regardaient, les bouts de viandes, le couteau, etc. Et
Patou qui ronflait comme un bienheureux et qui me donnait des coups de
coudes !! Il a même fini par mettre sa jambe sur mon corps rigidifié du
stupeur ! J'ai du le repousser délicatement sans réveiller Clémence (qui
ne dormait pas plus que moi je pense!)
En plus, la yourte était en pente, du coup nos pieds
glissaient vers le poêle ! Lorsque ça devenait brûlant, on devait se
hisser sur le tapis de sol tels de petits vers pour se remonter un peu, avant
de glisser à nouveau...
Bref, j'ai pas dormi du tout, j'en pouvais plus !
4.
Conclusion
Les sœurs consanguines, une yourte angoissante, une tempête
de neige à l'extérieur et notre guide peu rassurée elle-même = La Yourte de
l'Horreur, que nous avons été heureuses de quitter au petit matin, même si
c'était pour marcher dans 20 cm de neige sous un vent glacial (et sans avoir
dormi de la nuit...)
Je dois avouer que j'ai eu la flemme de décrire ici chaque
petit détail qui pouvaient mieux rendre l'ensemble (pipi au milieu des yaks la
nuit notamment, les hurlement des chiens vers 2h du matin, les frères quittant
la yourte à 5h du matin, fusil en bandoulière, pour chasser le loup, etc.), car
je vous assure qu'on ne l'oubliera pas de sitôt cette petite yourte...
Bon tu as quitté la Mongolie son habitat chaleureux, même pittoresque et ses "mongols"(comprenne qui pourra)! Tu nous fais dresser les cheveux sur la tête rétrospectivement.Je pense à ta mère qui m'a laissé un journal sur une alimentation saine!!!!Remarque c'est cuisine du terroir!donc sain. J'attends la suite avec impatience. Merci de nous dépayser ainsi. Nous partons à Annecy, puis Varreddes mais nous te suivrons sur tes chemins, confortablements assis, au soleil et en train de déguster des glaces de Béatrix ou de la Bourganel! bisous
ReplyDeleteMerci Babeth!
DeleteTes commentaires sur les glaces de Beatrix et Annecy me dépaysent également, d'une certaine manière...
Profitez bien de l'été!
Et me revoilà à rire,seule,devant l'ordi!! Quel dépaysement...tu dois apprécier,quand même,le confort(même relatif)de ton auberge en Chine.Et la chaleur aussi!!
ReplyDeleteProverbe du jour:"Etre parents,est éprouvant,sans répits,les ans passant..."
bon,celui là,je l'ai inventé
PS:l'avantage du froid:pas de grosses mouches vertes bourdonnant autour de la viande et du fromage!!!
ReplyDeleteC'est vrai mais ça a aussi des inconvénients: la culotte qui se remplie de neige pendant que tu fais pipi par exemple...
Deleteaaaaaahhh ! Ca me rappelle ma nuit avec les cafards ! même si bien sûr, ça avait moins l'air d'un film d'horreur ! (quoique la chauve-souris, la salle de bains/toilettes, et les cafards !!!!!!
ReplyDeleteEt oui,le froid éradique aussi cafards et chauve- souris !mais l'amitié s'éprouve dans les conditions extrêmes...Et te voilà prête à affronter à nouveau d'hostiles contrés,au nom de cette même amitié...
DeleteHaha! je l'ai échappé bel cette nuit là!
DeleteHeureusement j'avais du travail à terminer...C'était bien Gorom Gorom je pense...
Oui, cette nuit à Gorom était également mémorable dans le style "épouvante"! Mais c'est tellement délicieux à raconter après ;-)
Deletealors, moi j'aurais aimé connaître l'histoire de la biquette handicapée, peuchère !
ReplyDeleteJe te la raconterai plus tard, c'est très visuel comme anecdote!
DeleteTout bien pensé,peut-être s'agissait-il de 2 soeurs ayant épousé 2 frères ?
ReplyDeleteJ'ai une amie dans ce cas..."honni soit qui mal y pense"
Non non non! Il s'agit bien de frères et soeurs... Quelle histoire!
Delete2 frères et 2 soeurs.... apparemment le choix n'est pas vaste dans le coin...
ReplyDeleteJe pense que le regard impassible de la soeur n'était pas méchant. elle te trouvait surement jolie et s'inquiétait pour son frère..euh pardon pour son conjoint...
Oui, bon, déjà il fallait que je gère le Patou pendant la nuit, ça suffit!
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