Wednesday, April 11, 2012

Du paradis à l'enfer...


Bonjour chers lecteurs!

Moi sur mon fier destrier (si innocente alors...)
Ce message sera sûrement un peu plus long que les autres car je reviens de loin. Il faut croire que monter à cheval dans des contrées exotiques ne me convient pas, bien que je reste convaincue du contraire (c'est ce qui s'appelle être bornée) Bref, comme le titre le laisse entendre, de bons moments ont précédé les moments effroyables de cette virée dans la vallée de l'Okhron.
Tout commença bien. Arrivée une heure à l'avance à la gare routière, je tombe sur un Mongol ayant étudié en Belgique et parlant français. Il a pu m'indiquer où prendre mon ticket et comment "l'interpréter". Au passage, un mongole qui parle français avec un accent belge, ça fait sourire... Donc, après un café que l'on me sert bien malgré moi avec du sucre et du lait, je monte dans le bus pour 5H de trajet vers Harhorin. Le trajet s'est bien passé, j'ai du dissimuler un fou-rire causé par les grimaces d'une petite fille et chasser un chien qui fouillait dans mon sac de provisions à la pause déjeuné, mais à part ça, je suis arrivée toute enthousiaste à Harhorin où j'ai trouvé un bon feu dans le poêle central de ma yourte, dans la guesthouse qui organise des tours à cheval. Le problème c'est que ce feu si agréable ne dure qu'un temps et que la transition, vers 3H du matin, est assez douloureuse: ma technique, après plusieurs nuits, consiste à préparer couvertures, duvets, polaire et chaussettes près du lit pour accélérer cette transition frisquette.
Clémence: un petit galop?
C'est au petit matin que j'enfourche mon fier destrier et que je pars dans les immenses steppes de la vallées de l'Okhron, avec Mogui mon jeune guide mongol de 19 ans ne parlant pas un mot d'anglais. Et là c'est vraiment le paradis, un soleil magnifique (adieu gants, bonnet et veste de ski!), des paysages incroyables, des sensations fortes dans les collines escarpées, au milieu des troupeaux de yaks, de chevaux ou de chèvres, des galops dans les steppes avec l'horizon comme seule limite, etc. Mon cheval était juste parfais, il traversait les rivières gelées (et les r'garder passeeeeeeeeeeer! Référence pourrie...) sans broncher, il démarrait au quart de tour et avait le sabot sûr dans la rocaille.
Au bout de 5h de cheval, nous arrivons dans la famille d'accueil, pas très très accueillante d'ailleurs, mais bon, pas méchante non plus. Et puis j'étais tellement crevée que j'avais qu'une envie: dormir. Il a quand même fallu boire l'espèce de thé au lait et manger les nouilles au mouton. Je me suis donc allongée pour reprendre des forces, mais j'ai été réveillée par un gros cul qui s’asseyait juste sous mon nez. Me relevant pour voir ce qui se passait, je me rendis compte que 7 hommes complètement bourrés (à la "vodka maison" selon mes infos, vodka que j'avais goûté avant mon départ à cheval) s'étaient installés dans la yourte. Un desdits hommes se met à me faire un gros smack (sur la joue, je précise), il me parle en me crachant son haleine alcoolisée (dans ces cas là, on aimerait ne pas être seule, ou avoir un guide anglophone) et finit par me faire comprendre avec des gestes qu'il a 3 sexes et moins un seul, je lui fait un sourire dubitatif et il me fait signe qu'il me montrera plus tard. J'essaie de lui faire comprendre que c'est pas la peine, que ce genre de monstruosité ne m’intéresse pas du tout et heureusement ses copains l'appelle pour partir... Ouf! c'est comme ça dans les yourtes, on entre et on sort comme on veut, sans frapper, zéro intimité (ce qui m'arrangeait car comme ça il ne pouvait pas me montrer ses 3 sexes, bref...) Plus tard, je compris que j'avais mal interprété ses gestes, qu'en montrant son sexe et le chiffre 3, il me signifiait en réalité qu'il avait 3 enfants et qu'il me les montrerai demain (j'ai peut-être l'esprit mal tourné, mais avec la fatigue aussi!!)
Maison!
Après cet "évènement", j'ai pu m'endormir paisiblement (avec la pause "couches multiples" à 3h du matin, voir ci-dessus).
Le matin était sympa, réveil en douceur, thé au lait et on est parti tondre les chèvres (ou plutôt les gratter avec une sorte de mini-fourche, voir photos) pour récupérer le cachemire. C'est à 13H, après le fameux plat de nouilles au mouton, que nous prenons, Mogui et moi, le chemin du retour. Il fait plus froid que la veille et je mets donc mon bonnet, mes gants et ma veste de ski. Et là c'est le début de l'apocalypse!
Il commence à légèrement neiger, ce qui me parait plaisant sur le moment, voire original. Mais ces légers flocons se sont très rapidement transformés en une énorme tempête de neige!!!! Et là, je ne mens pas ni n'exagère, c'était vraiment une tempête, au milieu de nul part, je ne voyais même plus le guide devant moi! Tête baissée pour éviter de tout prendre dans le visage, des stalactites se sont formés sur mon bonnet, mon visage était lacéré par la violence des flocons de neige projetés sur mon visage, une plaque de glace s'est formée sur ma joue gauche, mes doigts étaient congelés dans leur position, des congères s'étaient formées entre la selle et mes cuisses, mes pieds étaient 2 blocs de glace douloureux. J'ai chevauché pendant 4H dans ces conditions, je me suis mise à marmonner "agneau de Dieu qui prend nos péchés" en pensant que j'allais perdre connaissance et tomber de cheval. Je désespérais totalement, commençant à imaginer l'amputations de mes doigts et de mes orteils. Bref, j'ai repoussé mes limites... Mon cheval qui hennissait dans la tempête me faisait l'impression d'une bête effrayée à l'approche du yéti! N'en pouvant réellement plus, j'essaie d'expliquer au guide qu'il faut qu'on s'arrête à la première yourte qu'on voit sinon je ne réponds plus de moi. mais difficile à expliquer quand le guide ne parle pas anglais et que le langage des signes, qui me sauve d'habitude, est rendu si difficile avec mes membres congelés et douloureux!!!
La tonte
Après encore 30 min de tempête, j’aperçois une Yourte, et là un sourire allume mon visage et un étrange courage me saisit et je galope jusqu'à la yourte.
En descendant de cheval, je conserve la fameuse démarche du cow-boy, non parce que j'ai trop chevauché mais plutôt parce que je suis congelée dans cette position. Mes pieds me font tellement mal, que marcher jusqu'à la yourte est un supplice, mais l'espoir de la chaleur sur mon corps me fait avancer malgré tout. Un doute horrible me saisit cependant en ne voyant aucune fumée sortir du tuyau de poêle, doute confirmé lorsque Mogui ouvre la porte et constate le vide infini de cette demeure nomade. Poussé par mon regard suppliant, nous allons vérifier la yourte près de l'étable et là... BONHEUR!!! Une femme et son enfant sont en train de préparer à manger sur le poêle!!! Je rentre, transit, dans la yourte, la femme pousse des hurlements et se jette sur moi pour m'enlever mes vêtements trempés. je lui suis tellement reconnaissante mais je ne peux murmurer un "merci" car ma lèvre inférieure est elle aussi congelé et s'obstine à pendre en avant.
La femme me prends par le bras et me conduis jusqu'au lit, me met 3 couvertures sur le corps et remets du bois dans le poêle. Si vous saviez comme j'ai bénis cette femme!!!! Elle me donne rapidement le désormais fameux thé au lait chaud et, de joie, de réconfort ou plutôt de décompression, je verse des larmes chaudes en buvant mon thé.
Plus tard, une jeep est venue me chercher, même si j'ai dû remonter à cheval 10 min car la neige bloquait l'accès. Peu importe, j'étais saine et sauve!!!
Je suis repartie le lendemain matin pour retrouver, sans encombre, le chemin de mon auberge de jeunesse à Oulan Bator...
Bon, ce message parait long mais en fait je ne donne pas tous les détails de ces péripéties tellement il y a à dire. Comme vous vous en douterez, il n'y a que des photos du premier jour, le deuxième jour je n'avais pas coeur à sortir mon appareil...

Maman/papa: à part quelques rougeurs au visages, aucune séquelle à déclarer, je suis en parfaite santé et rigole déjà de ces évènements!!

Kharkhorin


Bisous surgelés!!!

12 comments:

  1. nonette! ouuuuhhhh ne pars jamais seule! dans le désert...ya des différences de température dans le désert...les grand pères et les petits mongols sont adorables...et dire qu'ils campaient dans l'impasse à Valence!...bon, je suis décousu ce soir mais c'est la fatigue d'une journée de fonctionnaire.
    Au fait si je dois voter à ta place il faut que tu me dises pour qui et avec quels instruments...de vote.
    Gros poutous (sans vouloir t'influencer).

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  2. Héhé! Papounet, tu travailles trop! Prend le temps de profiter du printemps!!!
    Pour le vote, je te dis ça bientôt par mail car ce blog se veut apolitique...
    Plein de mimi-pètes

    Nonette

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  3. Ma "pauvre" Noémie!!!!! J'ai bien ri en lisant ta superbe randonnée et ses quelques désagréments! je suis quand même contente de te savoir décongelée et loin de ces hommes avinés et si paternels!!! Ici il pleuviote mais on peut balader quand même; Bisous. Babeth

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    1. héhé! Contente que ça te fasse rire, c'est le but! Mais le dommage collatérale, c'est la mère qui s'inquiète pour ma santé, peuchère... Je repars demain pour 16 jours en brousse, j'en redemande!!
      Bisous et bonnes ballades.

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  4. Ho ma Nonette!! Fais attention à toi hein!! çà a du être éprouvant, tu l'as bien écrit parce que j'avais mal pour toi ma pauvre!
    Alors bonne brousse et prends des pulls ;-)
    bisous

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  5. Purée Nonette, ton blog se lit comme un roman, c'est passionnant. Heureusement que tout s'est bien terminé, mais j'ai eu chaud (euh désolée, c'est pas drôle ...) Grosses bises à toi
    Aurèle

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  6. Que dire...la pauvre mère en a des sueurs froides, et gamberge bien malgré elle ...Bon,on tient le coup,avec le père on se soutient,se réconforte.
    Proverbe du jour : " plus haut vers la cime,plus bas les racines "
    (les racines,c'est nous ...)

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  7. Chère nièce, de Giens sous le soleil, je prends enfin le temps de "dévorer" ton blog (j'avais de petits flashs par JR) )et du coup j'en rêve la nuit! Merci de prendre le temps de nous faire partager toutes ces merveilles(on a revu St Petersbourg avec plaisir),aventures et sacrées émotions...Comme nous avons également une fille sportive,deux fils voyageurs comme tu le sais, je pense aux parents que nous sommes,c'est à dire heureux de nos enfants et en même temps un tantinet inquiets car le contraire serait anormal!A toi comme à eux, je dis que nous prions ton ange gardien chaque jour afin qu'il veille sur toi ainsi que Saint Christophe patron des voyageurs. Sur ce, bon vent à toi chère Noémie pour ce tour du monde éblouissant(l'Ile Maurice n'était qu'un galop d'essai) pour toi et tes lecteurs, c'est certain!
    Bises très chaleureuses.
    Françoise et Patrick

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  8. Où es tu, que fais tu ma nonette?

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  9. hi!!!!!!!!!!!!!!!!! la go ont dit koi?????????????,,
    il fait chaud ici comme pour les fou là walaiiiiiiiiiiiiii!!!!!!!!!!!!!

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  10. Je sais que je suis en retard d'un mois pour commenter ce texte. Mais je ne peux m'empêcher de le faire...
    Mon Dieu! c'est plutôt effrayant!!!
    J'ai souvent entendu dire que la température variait beaucoup dans le désert mais je ne savais pas à quel point! En tout cas on peut dire que tu n'es pas près de l'oublier.
    Oh Noémie! ton goût de l'aventure!!!!

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